Et bien il nous gâte notre bon Roy! Le tétanos, alors que les plaies n'existent pas encore... La bonne nouvelle c'est que vu que le Roy introduit le tétanos, on peut espérer que la peste, la lèpre et d'autres maladies moins mortelles que le tétanos feront un jour leur apparition dans les Royaumes.
Le tétanos est une maladie infectieuse, ou plutôt une conséquence d'une infection. La bactérie Clostridium tetani, ubiquitaire dans le sol, peut contaminer toute plaie et s'y développer si les conditions sont favorables. Cette bactérie produit une toxine qui perturbe la transmission des signaux nerveux dans le cerveau, ce qui entrave gravement la fonction des muscles. La maladie se développe entre 3 jours et 3 semaines après avoir subit la plaie. Au moins un tiers des cas se développent suite à des plaies mineures que le patient n'a même pas eu besoin de montrer à un médecin (égratignure, piqure par une épine de rose, blessure par un clou, etc).
Les Grecs anciens connaissaient déjà le tétanos. Du moins on retrouve dans les écrits d'Hippocrates des descriptions des formes graves. La toxine du tétanos cause une hyperexcitabilité des muscles, ce qui mène à des spasmes, voir même presque des convulsions. Les premiers muscles atteints sont les muscles de la machoire et du visage. Le patient développe un trismus, c'est-à-dire qu'il est incapable d'ouvrir la machoire, et la contraction des muscles de la joue produit un rictus appelé "risus sardonicus", sourire sardonique. Lorsque la maladie progresse, le patient a de plus en plus de peine à respirer et à faire des mouvements coordonnés. La lumière et le bruit peuvent produire des spasmes. Finalement, les contractures musculaires deviennent tellement fortes que le patient est arqué en arrière au point que seul les pieds et la tête touchent la surface du lit. Ceci est appelé opisthotonus.
Sans traitement, le tétanos est mortel. Le patient meurt asphyxié, ne pouvant plus respirer. Avec un traitement de soins intensifs permettant de maintenir curarisé, intubé et ventilé un patient pendant toute la durée de la maladie, soit un mois environ, la mortalité est de 17% pour des 40-49 and et de 50% pour des patients de plus de 80 ans comme l'a montré une étude de 1990. Mais tous les patients ne nécessitent heureusement pas d'être intubés, des sédatifs-anticonvulsivants permettant d'atténuer l'action de la toxine. Les sédatifs connus au Moyen-Age étaient malheureusement tous des substances favorisant le développement de convulsions, alors cette option n'était pas disponible.
La maladie se développant lentement, il est possible de vacciner quelqu'un après avoir subit une plaie. Mais vu qu'une bonne partie des plaies causatives sont négligées, un vaccin préventif est hautement recommandé. Mais voilà, ce vaccin n'a été développé que durant la 2e moitié du 20e siècle... Malgré tout, le tétanos reste une maladie rare, même dans des populations qui ne disposent pas du vaccin. Difficile de trouver des chiffres décrivant l'incidence. Durant la campagne de Normandie, la Wehrmacht a eu quelques cas de tétanos, dont 3 cas qui ont développé un opisthotonus malgré les sédatifs administrés. Sur probablement un million de soldats engagés durant plusieurs mois.
Toujours est-il qu'il faut d'abord une plaie pour que le tétanos puisse se développer...