Depuis l'aube des temps, un des passes-temps favoris de l'être humain a été de se blesser. Volontairement ou involontairement, mais toujours d'une manière imaginative. Fort heureusement la nature est bien faite. Pour autant qu'aucun docteur n'interfère avec la guérison de la plaie, le processus de cicatrisation permet de guérir de presque toutes les plaies. Avec un handicap résiduel et un défaut esthétique plus moins important, mais le corps se défend bien.
Les Grecs anciens avaient déjà acquis les principes des soins de plaie qui dirigent toujours les soins des victimes de guerre: débridement et traitement de plaie ouverte. Le débridement, c'est-à-dire le nettoyage de la plaie, était évidement très limité en l'absence d'anesthésie et les soins de plaie ne bénéficiaient pas des techniques de pansement d'aujourd'hui. Mais le principe reste le même: les conditions essentielles pour qu'une plaie puisse guérir est de bien la nettoyer et de la laisser ouverte pour éviter l'accumulation de saletés et la surinfection.
Malheureusement pour les blessés, le Moyen-Age a été prolifique d'idées saugrenues. Des médecins particulièrement brillants et observateurs ont réussi non seulement à développer, mais aussi à maintenir comme standard durant plusieurs siècle l'idée absurde du "pus salvateur". Longtemps les médecins croyait qu'une plaie devait décharger du pus pour être en bonne voie de guérison. Des pommades étaient appliquées pour faire macérer les plaies, tout était fait pour permettre à l'infection de se développer. Heureusement que l'accès aux médecins était limité...
Ce n'est que vers le 13e-14e siècle que des chirurgiens italiens ont osé agir à l'encontre de ce dogme absurde. Au lieu de faire macérer les plaies, ils faisaient tout pour garder les plaies sèches, d'enlever soigneusement tous les corps étranger et de cautériser les berges à l'alcool ou au fer rouge. Henri de Mondeville a joué un rôle clé en amenant en France, par l'école de chirurgie de Montpellier, ce savoir acquis en Italie. Ceci lui permettra d'accéder aux plus hautes fonctions auprès du Roi.
Durant le 14e siècle, divers autres progrès ont été introduits dans le traitement des plaies. Les plaies superficielles étaient suturées (oui, je sait que ce verbe n'existe pas, mais il est tellement usité...). Des pommades à base de cuivre étaient appliquées sur les plaies qui devaient rester ouvertes, bien qu'à l'époque on ne connaissait pas encore l'effet antiseptique des sels de cuivre. Malheureusement les moyens d'anesthésies sont restés très rudimentaires et la plupart des gestes de soins de plaies ou les amputations étaient effectués à vif...
Des soins de plaie corrects sont le seul moyen d'éviter la gangrène. Il existe diverses formes de gangrène, dont la gangrène gazeuse qui se distingue par la formation de poches de gaz dans les tissus décomposés par les bactéries. Les gangrènes sont toutes des infections très aggressives qui se répandent rapidement dans les couches profondes des tissus et qui envahissent non seulement le tissu lésé mais aussi les tissus sains. Encore de nos jours, le seul traitement possible d'une gangrène reste l'amputation de la partie du corps affectée. Rarement un débridement extensif peut suffire, mais sans ansethésie moderne un tel geste est impossible.