Romuald de Vaisneau
Nombre de messages : 11 Date d'inscription : 02/11/2007
| Sujet: Les "humeurs" et l'hygiène alimentaire Ven 2 Nov - 11:30 | |
| - Citation :
- Les médecins du Moyen Âge portent une grande attention à la nourriture, qu'ils considèrent comme un moyen non seulement de conserver la santé mais aussi de guérir les maladies.
Selon une théorie héritée de la médecine grecque de l'Antiquité (Hippocrate, Galien) et transformée par les médecins arabes, les aliments sont en effet des composés de qualités premières : ils sont chauds ou froids et secs ou humides. Or, le corps humain est traversé de fluides ou "humeurs" qui combinent ces mêmes qualités premières : le sang est ainsi réputé chaud et humide, la colère (ou bile jaune) est chaude et sèche, tandis que les humeurs froides sont la mélancolie (ou bile noire), froide et sèche, et le flegme, froid et humide. Les maladies internes étant dues, pour les médecins, à l'excès d'une humeur dans le corps, il suffit, pour obtenir la guérison, de l'évacuer ou de le faire disparaître par un régime approprié. Par exemple, on administrera aux malades souffrant d'une fièvre sévère des aliments particulièrement froids, telles les cucurbitacées ou les salades – qui ne sont guère conseillées en temps ordinaire. La nourriture quotidienne que l'on recommande aux gens sains a pour objectif de maintenir intact leur tempérament (ou "complexion"), c'est-à-dire le composé d'humeurs qui les caractérise. Un individu où le sang prédomine se verra qualifié de sanguin, et ainsi de suite pour les colériques, les mélancoliques et les flegmatiques. À un tempérament sanguin conviennent bien évidemment des aliments chauds et humides, tels le pain de froment, la volaille et le vin pur, tandis que la diète des mélancoliques devrait être constituée de fèves et de viande de porc. Dans ce système de correspondances raffinées, il faut aussi tenir compte de la saison (les épices très vivement échauffantes sont à proscrire en été), de l'âge du patient (la chaleur vitale décline durant la vieillesse) et enfin des apprêts que l'on donne aux aliments : le gibier d'eau, naturellement humide et froid comme l'eau où il vit, sera asséché si l'on prend la peine de le faire rôtir à la broche et de l'accompagner d'épices chaudes et sèches. Les malades côtoient les indigents dans des hôpitaux qui ne sont toujours pas médicalisés. Faute de pouvoir leur assurer le régime qui correspondrait exactement à leur état, les autorités hospitalières achètent assez régulièrement des poules, du sucre, des œufs et du pain, aliments proches de la nature de l'homme et dont la douceur et la modération sont censées convenir parfaitement à des convalescents. Le bouillon de poule est déjà l'un des classiques de cette alimentation des malades, à laquelle les livres de cuisine consacrent souvent un chapitre. Décidément, la cuisine est sœur de la médecine, même si la diététique sert bien souvent de justification aux distinctions sociales : comme par hasard, les vaches réformées dont les paysans se nourrissent faute de mieux sont conçues comme des mets grossiers naturellement destinés aux estomacs rustiques. Des manuels d'hygiène alimentaire Tout le monde ne disposant pas d'un médecin à demeure pour indiquer ce qu'il faut ou non manger, des manuels ont été écrits afin de guider les choix alimentaires du public. Parmi ces "Régimes de santé", il en est qui s'appliquent à une situation particulière : grossesse, vieillesse ou encore une maladie plus ou moins grave. D'autres ont une visée plus générale. L'un des plus répandus est le Tacuinum Sanitatis, ou "Tableau de la santé", traduit au milieu du XIIIe siècle à partir d'un texte du médecin de Bagdad Ibn Butlân. Son format pratique en tableaux récapitulatifs et les somptueuses illustrations que ses manuscrits contiennent à partir des années 1370 lui assurent un grand succès. Mais c'est la littérature diététique dans son ensemble qui se développe à la fin du Moyen Âge, reflétant ainsi le très vif intérêt que porte cette époque à tout ce qui concerne la nourriture. La crainte que représente la peste y est aussi pour beaucoup : cette "grande faucheuse" réapparaît en 1348 et revient frapper régulièrement une population affaiblie par la crise économique et les guerres. Les médecins n'ont guère à lui opposer qu'un régime interdisant les épices – dont le caractère échauffant est supposé favoriser la corruption des humeurs – et recommandant le vinaigre qu'on utilise "à toutes les sauces" : en bain de bouche, en instillation nasale, sur une éponge placée devant les narines, et bien sûr dans l'assaisonnement des plats. Quelques extraits du Tacuinum Sanitatis, issu de la BNF | |
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Nombre de messages : 381 Localisation : Grandson (Helvétie) Date d'inscription : 07/07/2006
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Romuald de Vaisneau
Nombre de messages : 11 Date d'inscription : 02/11/2007
| Sujet: Re: Les "humeurs" et l'hygiène alimentaire Dim 4 Nov - 11:43 | |
| A se demander si les mélancoliques n'étaient pas déjà dépressif plutot ... | |
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hipparchia
Nombre de messages : 1 Date d'inscription : 15/01/2013
| Sujet: Re: Les "humeurs" et l'hygiène alimentaire Mar 15 Jan - 11:24 | |
| Attention, on écrit bien cholérique et non colérique ;-) Ce sont deux choses différentes. voir sur ptidico.com/definition/chol%C3%A9rique. htm Lorsque l'on parle des tempéraments au même titre que flegmatique ou sanguin, on emploie cholérique. L'origine du mot ne signifie pas dans son utilisation ici que la personne a le choléra, mais qu'elle a un tempérament bilieux - Citation :
- Adjectif
1 Qui tient de la bile. Tempérament cholérique. 2 Qui appartient au choléra. Accidents cholériques. Substantivement, celui, celle qui est atteint du choléra. Un cholérique. Une cholérique.
HISTORIQUE XIIIème siècle ALEBRANT: « Cil qui sera colorikes [bilieux], caus [chaud] et ses et magres.... »
ÉTYMOLOGIE Cholericus, signifiant en latin bilieux et qui tient du choléra, par une confusion des termes grecs signifiant bile et choléra ; du grec qui signifie uniquement relatif au choléra, et qui vient de choléra. - Citation :
- Adjectif
(ch se prononce k) XIII e siècle, colerike, colorike. Emprunté du latin cholericus, « bilieux », du grec kholerikos, « relatif au choléra, malade atteint du choléra ». Qui a rapport au choléra ; qui est atteint de choléra. Diarrhée cholérique. Subst. Un, une cholérique, une personne atteinte du choléra.
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| Sujet: Re: Les "humeurs" et l'hygiène alimentaire | |
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