Les connaissances en anatomie du moyen-âge se basaient sur les écrits antiques, en particulier ceux de Claude Galien, médecin au 2e siècle. La scolastique, le mode de penser régnant dans les universités de l'époque, faisait que les érudits parlaient certes de manière très savante du sujet, mais négligeaient longtemps le besoin de vérifier par eux-même. Malgré tout son savoir, les observations de Galien en anatomie étaient souvent fausses, et ceci fut longtemps repris et répété.
L'Eglise empêcha longtemps le développement de l'anatomie. Le corps des défunts ne devait pas être profané par une dissection, afin de protéger l'âme jusqu'à la résurection. Seul le corps de criminels exécutés pouvait être détourné à cette fin, et en général seulement dans l'illégalité. Cette attitude ne favorisait ni l'acceptation de cette science, ni la curiosité scientifique dans ce domaine. La médecine se rabattait donc sur la dissection d'animaux. Alors que l'anatomie du cochon offre de nombreuses similitudes, la dissection de cet animal était assez répandue dans les écoles italiennes, l'anatomie de batraciens ou d'oiseaux n'offre que peu de compréhension de l'anatomie humaine.
Henri de Mondeville est le premier a avoir décrit la dissection d'un corps humain. En 1316. Durant le 14e siècle, l'intérêt pour la dissection et l'anatomie humaine devenait croissant, mais ce ne sera que le 16e siècle qui sera réellement l'âge d'or des anatomistes. Tout en respectant les contraintes imposées par l'Eglise, de nombreux gouvernements officialisaient à partir du 14e siècle l'attribution de corps à la médecine pour dissection. Le Languedoc fut particulièrement progressiste, mais je n'ai pas la référence exacte sous la main.
Tant que des moyens de réfrigération ou de conservation dans le formol n'étaient pas encore connus, l'anatomie souffrait de la décomposition des corps. Une dissection devaient être terminée en 2 jours, avec dissection des viscères le premier jour et dissection des extrémités le deuxième. Ces contraintes limitaient évidemment fortement les observations qu'il était possible de faire sur un corps.