La lèpre est une des plus anciennes maladies connues. On en retrouve des traces dans les écrits les plus anciens, et même une référence dans l'Ancien Testament. Il s'agit d'une maladie infectieuse chronique qui mène à des mutilations progressives.
Le germe en cause est le Mycobacterium leprae. C'est un germe de la même famille que la bactérie qui cause la tuberculose. L'origine de cette maladie se situe probablement en Afrique orientale, puis elle s'est répandue en Mésopotamie pour finalement être répandue en Europe et en Asie grâce aux marchands. Ce germe produit une infection chronique d'évolution lente des nerfs et des muqueuses, conduisant à une destruction des tissus. La destruction des nerfs conduits à une insensibilisation des extrémités ainsi qu'à une paralysie progressive des muscles. La perte de la sensibilité mène tôt ou tard à des mutilations suites à de multiples blessures mineures non-perçues et de leurs complications. L'atteinte des muqueuses est surtout évidente au niveau du visage avec développement de saignements de nez puis de la destruction du nez et dans une moindre mesure du reste de la face, menant à la "face de lion" typique de cette maladie. Pour ceux qui veulent voir l'horreur de ces déformations, je les prie de chercher des photos sur internet.
La maladie mène certes à des déformations et des mutilations sévères, mais la mort est en général lié aux complications induites. Genre une infection sur une plaie. Jusqu'à la découverte d'une antibiothérapie efficace il y a un siècle de ça environ, il n'y avait aucun traitement spécifique possible de la lèpre. L'évolution de la maladie est par contre dictée par l'efficacité du système immunitaire. Au début la lèpre se présente par des taches de la peau, des endroits inflammés, infiltrés, qui perdent la coloration naturelle et la sensibilité. Si la bactérie arrive à se répandre dans tout l'organisme, il y a atteinte des viscères, du système nerveux central, des yeux et du visage.
Le mode de contamination de la lépre est mal connu encore de nos jours. Probablement que la contamination se fait par aérosols, par gouttelettes répendues par des personnes souffrant d'une atteinte de la sphère ORL. La maladie se déclare par contre que plusieurs années après la contamination. Au Moyen-Age, les personnes présentant des signes de lèpre étaient isolées du reste de la population pour éviter la contamination. En gros, toutes les personnes présentant une maladie cutanée étaient ségrégués comme des lépreux. L'isolement n'est toutefois mis en place de manière systèmatique qu'au 16e siècle. Mais à l'ère des Royaumes les villes et les grands villages avaient déjà des léproseries, soit des dispensaires (ou des mouroirs, selon) à l'extérieurs de l'enceinte de la localité dans lesquels ces pauvres gens étaient astreints. Lors de leurs déplacements, les lépreux devaient sonner une cloche pour alarmer les autres afin de leur permettre de s'écarter de leur chemin.
Alors que de nos jours il s'agit d'une maladie tout à fait traitable par des antibiotiques, la lèpre faisait partie de la société du Moyen-Age comme le pain et le vin. A défaut de traitement efficace, le dévouement des bons Chrétiens touchés par le malheur des malades a longtemps été le seul salut des lépreux.